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«Être bon, c'est être en harmonie avec soi-même. La dissonance, c'est de se voir contraint à être en harmonie avec autrui. Notre propre vie, c'est cela qui est important.» Oscar Wilde

Avant toute chose, il faut donc concevoir l'existence de la duplicité dans une communication quotidienne, somme toute assez banale. Or cette forme de méfiance n'est pas le propre d'un individu non averti, c'est-à-dire de l'écrasante majorité de ceux qui entrent en contact avec les adhérents d'une secte. Dit autrement, l'appartenance a une secte n'est bien évidemment pas une information divulguée publiquement.

Il n'y a ainsi aucune possibilité d'établir un lien de cause à effet dans une communication si l'on est dans l'ignorance de l'appartenance de l'adhérent à une secte, de sa doctrine spécifique et de sa manière de se comporter avec ceux qui ne sont pas de son bord. Le lien logique entre tous ces éléments n'a alors aucune chance d'être établi et par conséquent le double langage utilisé, parfois très subtilement, n'a aucune probabilité d'être découvert.

Pourtant, dans les affirmations formulées par certaines personnes, indépendamment du fait qu'ils aient un agenda de type sectaire, il subsiste parfois une sorte d'ambiguïté qui peut produire une sensation de malaise.  Autant par le fait que le message semble inopportun, déplacé ou inutile, dans ce cas, la question qui se pose est de se demander pourquoi il a été formulé dans ce contexte, que par son contenu spécifique. 

Il existe une claire volonté d'anticiper les questions gênantes chez les adhérents d'une secte qui font du prosélytisme. En règle générale, ils préviennent ces situations en présentant une espèce de justification, voulant ainsi satisfaire, de manière prophylactique, une curiosité naturelle. Ces explications, lorsqu'elles ne sont pas sollicitées, laissent finalement  dubitatif l'interlocuteur attentif, car elles sont loin d'être exhaustives et par conséquent satisfaisantes. Ces manœuvres d'évitement contribuent au contraire à l'amplification de la dissonance. S'il est particulièrement difficile, voire impossible, de déterminer les motivations premières du locuteur, en particulier lorsque l'on ne connaît rien de lui, le malaise subsiste toutefois et devrait alors alerter l'auditeur sur la possibilité d'une volonté de l'induire en erreur. 

Bien évidemment, lorsque l'on sait pertinemment que cette duplicité est la marque de fabrique d'une personne, il est plus facile d'expérimenter de manière répétée ces sensations de décalage et de les lier à des manœuvres intentionnelles qu'il est possible de démanteler ou de désamorcer par la suite.