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La mégalomanie des gourous de secte et autres charlatans du développement personnel  est sans limites. Ils ne reculent devant rien afin de réaliser leurs agendas. Si cette volonté inébranlable surprend ceux qui se frottent à ce genre d’individus et conduit malheureusement certains observateurs non avertis et naïfs à leur accorder le crédit qu'ils ne méritent pas, elle obéit à des dispositions mentales bien précises.

« À l'extrême, la fin, c'est-à-dire la réalisation même du projet, s'efface devant les moyens : la fin justifie les moyens et tous les moyens sont bons, c'est la réussite à tout prix, sans scrupule, voire au dépens d'autrui. »  André Comte-Sponville

Avant toute chose, ces individus ont un plan bien précis dans la vie qui consiste à prendre le dessus sur les autres.  Cet objectif unique vise à satisfaire un besoin impérieux de revanche, entièrement rationalisé, qu'ils ne reconnaissent jamais publiquement.  Une telle admission mettrait en évidence l'unique cause de leur comportement, c'est-à-dire l'envie viscérale qui les anime. 

Ils sont, en effet, jaloux de la réussite d'autrui, qu'elle soit matérielle, affective ou intellectuelle. Ce qu'ils détestent le plus au monde et qui déclenche leur hostilité est la joie de vivre. Ils ne respirent donc pas le bonheur et, afin de dissimuler le vide qui les habite, ils imposent une attitude rigide et méprisante envers autrui. Ce n'est de ce fait pas un hasard s'ils ne s'attirent pas la sympathie des autres et si leurs relations interpersonnelles restent superficielles et exclusivement utilitaires. 

Ceci ne les empêche pas pour autant d'acquérir la certitude d'être spéciaux, différents et uniques. Ils développent un complexe compensatoire de supériorité, proportionnel à leur affectivité carencée. Incapables de se mettre au même niveau que les autres mortels et de communiquer avec un tant soit peu d'empathie, ils adoptent généralement un mode opératoire relationnel visant à satisfaire quatre tendances, très marquées, qui s'affirment parallèlement.

La première, qui satisfait leur besoin de revanche, est de croire que tout leur est dû et qu'ils peuvent sans aucune gêne passer devant les autres et se servir en premier, dès que l'occasion se présente.

 La seconde tendance est de se faire toujours passer pour des victimes. Non seulement lorsqu'ils commettent les impairs, qu'ils ont l'habitude de collectionner, et que les choses tournent mal, mais également quand ils estiment que le mauvais sort s'acharne contre eux. En raison de ces "injustices", ils ont toutes les justifications de convoiter les biens d'autrui. Le message qu'ils véhiculent en ces circonstances est toujours le même : ils subissent une véritable humiliation de ne pas se voir reconnaître leurs innombrables mérites.

 La troisième est de tirer un plaisir sadique chaque fois qu'ils parviennent à tromper leur entourage et à faire souffrir les autres. Finalement, la quatrième tendance qu'ils expriment soit publiquement, quand ils jouissent d'une totale impunité, soit par précaution entre les quatre murs de leur logis, est de se prendre pour des dieux. Qu'ils soient alors dictateurs, gourous de sectes ou de simples tyrans domestiques, tous partagent la même conviction d'être au-dessus des lois terrestres et de bénéficier d'un traitement de faveur unique qui les rend hors d'atteinte. 

Pourtant, ils connaissent bien la loi, pour s'y être déjà frottés, certains à maintes reprises. Ils sont donc parfaitement conscients de ce qu’ils font. Cependant, ils ne peuvent pas renoncer à leurs prétentions, car ils agissent par défi, par jeu, par vice et pour le frisson ultime de passer entre les gouttes.